Mourir à soi
J’ai voyagé, des années. Posé sur un fil électrique pour mieux contempler les innommables villes dans lesquelles vous vous asphyxiez, ou assis sur le rebord d’un lit à rassurer un ami. J'ai tout vu, tout fait, sans que nul ne le sache, ou presque.
J’ai vu la peur, la souffrance et le manque d'amour, j'ai vu des humains qui n’existaient pas, aucune trace d’eux, pas de certificat. Et eux, que croient-ils ? La main tendue, qu'apprennent-ils ? Angélique pour les uns et démoniaque pour les autres, j'ai fini par ne plus savoir qui j'étais. A mon tour, je devenais une croyance. Alors j'ai fini par ne plus apparaître, je me suis tu, évaporé. J'ai disparu. Deuxième mort. J'ai du lentement renoncer à tout ce que je croyais, et j'y suis encore. J'ai commencé à m'effacer pour m'écrire de neuf.