Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A titre posthume
20 septembre 2006

Il n'y a pas de fin

lonely

Avant de tout effacer, j’ai beaucoup créé. J’ai toujours eu l’esprit fertile et cette tendance s’est accrue dans un environnement pareil. Je n’avais rien d’autre à faire, et pour cause, et je me sentais pour la première fois totalement dégagé du quotidien ce qui est, tu en conviendras, une bonne chose quand on se met à rêver. J’ai commencé par imaginer la maison que je n’ai jamais eue. J’en ai mélangé des dizaines et fait de nombreux aller-retours sur Terre afin de trouver des idées géniales auxquelles je n’avais pas songé. A chaque retour, je créais une quantité de choses : un nouveau muret qui mettait en valeur une jolie plante du fin fond des Andes, un bassin identique à celui qui décore le Palais des Merveilles, conte pour enfants que j’avais déniché à Sydney. J’ai rajouté des clochetons, j’en avais toujours rêvé, des tas de chambres d’amis, au cas où, plusieurs bibliothèques en bois lambrissé que je remplissais à la vitesse de la lumière, un fumoir de style anglais. Tout ce qui me plaisait sur terre se retrouvait chez moi. Un jour, je me suis installé.

Même si je me déplace très vite, il m’a fallu pas mal de temps pour faire le tour de mon domaine dont j’étais forcément le seul habitant. J’avais tellement de pièces sur une surface si gigantesque que je me suis vite perdu. En toute logique, j’avais vu trop grand. Je ne lisais plus car je ne savais plus quel livre choisir, je ne dormais plus tant il y avait de chambres, quant à fumer j’ai du oublier.

Alors m’est venue l’idée du Juste Milieu. Il devait y avoir un juste équilibre entre le trop et le pas assez, entre mes couloirs interminables et ne plus rien avoir. J’ai donc tout effacé pour construire une petite cabane au fond d’un joli bois, avec une jolie clôture blanche qui délimitait parfaitement ma propriété enclose dans une bulle toute bleue que j’avais considérablement rétrécie, tu t’en doutes. En fait, je n’avais pas envie de me perdre une seconde fois !

Indépendamment du fait que j’avais l’impression d’habiter dans une bande dessinée, je me suis rapidement demandé pourquoi je m’enfermais alors que j’avais tout l’univers à portée de mon nuage. Pourquoi mettre des clôtures à mon territoire quand rien ne me retenait plus ? Et une cuisine et un lit ? J’ai tout effacé pour la deuxième fois. 

Publicité
Publicité
Commentaires
A titre posthume
Publicité
Publicité