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A titre posthume
7 octobre 2006

Sensations...

papillon_2

Dans ton monde tu as l’immense privilège de sentir, de goûter, de toucher, d'entendre et de voir. Tu es une machine à expérimenter, et tu captes des milliers de choses que désormais je ne peux qu’imaginer. Fini l’odeur du lapin au civet, pardon petite bête, ou celle des fleurs que je cueillais pour embaumer sa maison, pardon les fleurs. Fini le goût du bon vin qui glissait comme du velours et me laissait tout bizarre, dieu que j’en abusais. Envolé tout ça ! Envolées les douces caresses, la peau tiède de ses joues, parties à jamais. Je ne marche plus dans la campagne, ce n’est qu’avec mon esprit que je peux admirer ton feu. Ni chaleur, ni larmes dans les yeux, les odeurs et les bruits se sont enfuis, à jamais, comme ma vie. D'avant. Chèvrefeuilles, jasmins, romarins, lavandes, thyms et serpolets, parfums de fleurs et de jardinets, fumets de cuisine qui envahissaient mes narines, tant de promesses de délices. Disparus. 

Je me souviens encore d'essences musquées, incisives ou amères qui se mélangeaient en notes soutenuss, fréquemment coupées de ma chère cannelle, fraîchement cueillie sous les palmiers de Tropiques que je n'ai jamais effleurés. Un flacon s’entrouvrait et les images abondaient, j’étais transporté vers d’autres paysages que je ne croyais pas trouver en moi. Le nez en l’air je respirais, j'humais, je sentais les fleurs qui s'ouvraient, les pins ruisselant de sève, sur le tapis de feuilles mortes qui tapissaient mes chemins solitaires. Terminé tout ça !

Parfois je me rappelle les coups et des rires, les caresses, mes émois au détour d’un corps. J’étais tactile à souhait pour mieux apprécier tout ce qui m’entourait. Mes mains touchaient à tout, affamées, quêtant à chaque pose la clé de mon paradis. Je touchais à qui mieux mieux. Je touchais donc j’étais. Je palpai, manipulais, étreignais, et enlaçais, je saisissais la vie, j’appartenais à ce monde. Mon corps me révélait à quel point c’était bon d’être vivant.

Tu me diras que j’ai la chance de pouvoir aller où je veux, que je n’ai plus d’obligations, mais, crois-moi, je donnerai beaucoup pour un simple mal de tête ! Ou une rage de dents. J’ai beau essayer de me convaincre qu’il y a quelques avantages à se désincarner, je ne connais encore rien de mieux que d’écouter " The show must go on " paresseusement allongé avec une canette de bière.  Qu’ai-je fait de tous ces trésors ? Si peu de choses. Est-il trop tard pour me rattraper ? Je n’en sais rien, car je ne sais plus rien, ici tout ce que je croyais n’est que mirages.

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