Ben vi !

Je suis mort.

Je sais, je l’ai déjà dit, mais j’ai passé tellement de temps à me croire vivant que je me le répète souvent afin de m’en convaincre définitivement. C’est presque fait. Je suis mort. Presque. Car ça n’a rien changé. Je me ronge toujours autant, attendant en permanence un je ne sais quoi, de plus, de mieux. Et je manque de tout maintenant que je n’ai plus rien. Qu’est ce que j’ai soif parfois, ou faim ! J'entends encore le doux appel du micro-onde. Mais rien ne pourra plus me rassasier. Et je m’ennuie comme un rat mort. Tiens, pour une fois l’expression colle à ma réalité. Sauf que je ne suis pas un rat. Quoique, tout seul sur mon nuage en bas des cieux, je lui ressemble plus qu’à un ange glorieux.

Ce n’est pas mourir qui fut difficile, même pas eu mal ! Enfin, je ne m’en souviens pas. Pourquoi je ne me souviens pas de ma mort ? S’il faut je suis parti comme un imbécile sans avoir eu le temps de dire un mot, me disant que je pouvais le dire demain. Ou alors je suis mort des suites d’une longue maladie, dans d’atroces souffrances rédemptrices, j'aimais bien ça la souffrance. De quoi suis-je mort ? Pas par qui, non, je n’avais pas d’ennemis capables de me tuer. A part moi. S’il y avait bien quelqu’un capable sur terre de mettre fin à mes jours, c’était moi ! Je suis redescendu souvent pour me renseigner mais rien à faire. Chaque fois qu’on évoque ma mort, j’entends des bips sonores. A croire que je ne suis pas prêt à tout savoir.